Les marques de parfumerie sélective imaginent des flacons aux designs toujours plus inventifs. Deuxtendances se dessinent en 2019 : quand certaines maisons jouent la carte d’un gros poids de verre, d’autres prennent le parti de la finesse.

Les opposés attirent la parfumerie. «Chez nos clients se côtoient aussi bien des briefs pour des flacons à forte épaisseur de verre que de l’ultraléger, remarque Géraldine Saux, Global Account Manager chez Heinz-Glas. Dans les deux cas, les formes sont souvent complexes et demandent des développements poussés.» En e et cette année, se retrouvent sur les linéaires des parfumeries aussi bien des nouveautés comme Libre d’Yves Saint Laurent (L’Oréal Luxe) et sa semelle de verre très épaisse et à l’opposé, le flacon d’Idole de Lancôme (L’Oréal Luxe) et son contenant le plus Ž n du marché. Les fournisseurs s’accordent aussi pour relever que ces flacons demeurent au service du parachèvement. « Des customisations souvent complexes et à haute valeur ajoutée sur des flacons nus dévoilant la pureté de leur verre et mettant en valeur l’écrin et le jus », ajoute Géraldine Saux. Pour Libre d’Yves Saint Laurent, fabriqué par Heinz-Glas, le flacon devait être réalisé avec la répartition de verre la plus rectiligne possible et une peau de verre parfaite pour souligner le côté graphique et luxueux du flacon. La di•fficulté consistait à obtenir une gamme homogène sur les trois flacons malgré des rapports poids de verre-contenance différents. « Le verre offre une perception de luxe et avec son poids il permet aussi de justi­fier le prix», ajoute Étienne Gruyez, PDG Head of Perfumery & Business Unit de Stoelzle Masnières Parfumerie qui a produit le flacon de l’Eau de toilette L’Interdit de Givenchy (LVMH). Le flacon historique a été retravaillé autour de l’accessoire qui a été mis en contrainte dès le départ. «Deux gorges ont été créées au niveau du col pour accueillir la frette qui tient l’accessoire. Le fond est épais alors que les parois le sont moins, mais toujours avec une surface de peau très lisse, ensuite laquée», raconte le fournisseur. Finalement une belle épaisseur de verre, notamment du fond, permet de donner de la profondeur au jus.

Fin comme un mobile

À l’image de nos téléphones portables qui s’affinent certains flacons jouent aussi la carte de la minceur. Chanel a initié le mouvement il y a deux ans avec le flacon de Gabrielle, rapidement devenu emblématique avec son « contenant le plus effacé possible », selon le brief de la maison de luxe. «Nous avons réussi à réduire de moitié le poids du verre, souligne Mélina Weinmann, directrice du développement de chez Pochet du Courval, le verrier qui a créé le flacon. Bien que très­ fin, le flacon est solide et peut accueillir un décor sur ligne automatique.» Cette année avec Lancôme, un autre déŽ a été relevé par Pochet Du Courval. «Nous avons réussi à produire le flacon le plus ­ n du marché, avec seulement 15 millimètres d’épaisseur et une répartition régulière, avec en challenge supplémentaire, le collage en automatique des deux bandes métal, sans logement sur les côtés du flacon », explique Mélina Weinmann. Challenge réussi pour Pochet qui signe un flacon qui fait beaucoup parler de lui. « On sent l’intérêt des clients sur ces aspects de finesse et de légèreté, mais encore peu de développements finalisés», poursuit- elle. Qui dit finesse dit aussi allègement donc développement durable. «Les clients en parlent, mais ce n’est pas une revendication», souligne la directrice du développement de chez Pochet du Courval. Pourtant, les préoccupations RSE et post-consumer pèsent lourdement dans la balance du verre allégé. Cette prise en compte intervient avec beaucoup de maturité aujourd’hui de la part des marques dès la conception et donc avec une vraie volonté de l’inscrire dans la création.

Charlotte Nattier