Après les familles olfactives féminines le mois dernier, voici un tour d’horizon du vocabulaire du parfum au masculin. A la veille de la Fête des pères, ce décryptage, réalisé par Constance Deroubaix et Juliette Faliu (Savoir & Sentir), deux spécialistes de la formation, vous permettra de mieux conseiller votre clientèle.
Combien en dénombre-t-on ?
La notion de familles ou de notes dites masculines ou féminines est floue. Cependant, il est communément admis que la majorité des parfums masculins en vente sur le marché peuvent être classés dans les cinq catégories suivantes : hespéridée, fougère, chyprée, boisée et orientale. Ces repères donnés à titre indicatif permettent parfois de s’orienter dans un style mais ne prédisent ni l’évolution ni même le caractère d’un parfum. Pour bien présenter une fragrance et la conseiller, rien ne vaut un essai sur peau, sur le dos de la main ou sur le bras, si le client ne souhaite pas se parfumer entièrement.
Comment les hommes se parfument-ils aujourd’hui ?
À l’origine, la parfumerie masculine était associée au rituel du rasage ou de la toilette. Ainsi, les parfums pour hommes ont longtemps existé et existent toujours sous forme de produits de soin et les jus se vendaient essentiellement en concentration eau de toilette. La sensation de fraîcheur prédominait avec les notes vives et hespéridées des colognes et l’on retrouvait aussi les odeurs caractéristiques associées aux produits de rasage et d’après-rasage. Les odeurs de ces produits de soin ont participé à installer la famille fougère comme un territoire olfactif plutôt masculin : lavande, géranium, coumarine, cette association caractéristique reste aujourd’hui l’image olfactive classique du parfum pour homme.
Mais, depuis les années 1990, la parfumerie masculine a laissé plus de place aux notes boisées ou baumées, offrant ainsi des variations jusqu’alors inconnues. Les bois sont joués en majeur comme dans Encre Noire de Lalique et les baumes, comme dans Pi de Givenchy, apportent une rondeur qui n’a rien à envier à certains féminins. Si l’idée de propre et de frais reste souvent importante, le parfum masculin se détache petit à petit du rituel d’hygiène. Il se complexifie, alors que de plus en plus d’hommes déclarent porter un parfum pour se sentir plus séduisants ou pour augmenter leur confiance en eux. On voit ainsi apparaître des versions plus intenses et plus concentrées qui leur permettent d’affirmer leur présence.
Un homme peut-il porter des fleurs ?
Si le geste du parfumage prend ses distances avec ceux du rasage, il en va de même pour les notes olfactives et les territoires explorés par les marques. Les codes évoluent et les fleurs ont elles aussi leur mot à dire en parfumerie, preuve, s’il en était besoin, que la distinction masculin/féminin n’est qu’une question de perception et de sensibilité culturelle. D’ailleurs, les fleurs sont apparues il y a un moment déjà dans les formules, mais elles n’étaient pas nécessairement mises en avant. Cacharel pour l’Homme, sorti en 1981, utilisait déjà du jasmin pour son aspect solaire et lumineux, apportant beaucoup de radiance au sillage. Fleur du Mâle de Jean Paul Gaultier est l’un des premiers à avoir revendiqué ouvertement une note fleurie, celle de la fleur d’oranger. C’est aussi le cas de Kenzo Power, sorti en 2008, ou encore de Déclaration d’un Soir de Cartier, qui renferme de la rose. En un mot comme en mille, oui, les hommes peuvent porter des fleurs, souvent aussi bien que les femmes, car ils en feront ressortir d’autres facettes. C’est généralement avec les bois que les fleurs se marient le mieux, apportant une touche d’harmonie et de souplesse à la présence majestueuse d’un cèdre ou d’un vétiver.
Aiment-ils qu’on leur offre du parfum ?
Il est vrai qu’ils ont parfois l’habitude de porter le parfum offert par l’être aimé. Mais on constate de plus en plus que ces messieurs aiment désormais venir choisir eux-mêmes celui qui leur correspondra le mieux. Ainsi, s’il est tentant de faire une surprise, on conseille souvent à la personne qui souhaite faire un cadeau de venir avec son ou sa conjointe en magasin, de façon à s’assurer que le parfum plaît et surtout, qu’il évolue bien sur la peau ! Prendre son temps est toujours gage de réussite.
Sont-ils fidèles en parfum ?
Le mythe du parfum unique s’érode peu à peu chez les femmes comme chez les hommes. Tout au long de la vie, chacun évolue en fonction des expériences et des rencontres. Il est donc normal que nos goûts évoluent aussi, surtout en matière de parfum ! Aussi, il peut être intéressant d’explorer de nouveaux territoires olfactifs en fonction des envies du moment ou de la saison. La constitution d’une “garde-robe olfactive” est un argument qui peut toucher les hommes qui recherchent, dans le choix de leurs parfums, plus de raffinement et de justesse de ton.
Comment orienter le conseil à partir des mots d’un client ?«Avoir de la présence»Le client cherche du sillage ?Choisir parmi les parfums boisés ou orientaux et affiner la proposition en fonction de sa réaction.«Une sensation de propre et de frais»Le client recherche un parfum qui lui rappelle le rituel d’hygiène ? S’assurer que le client ne recherche pas aussi de la tenue.Explorer le terrain des hespéridés (eaux de cologne) et des fougères.«Un parfum qui tient bien»Le client cherche-t-il aussi du sillage ?Les notes boisées sèches (vétiver ou cèdre), les notes baumées (orientales) et les inflexions poudrées peuvent être intéressantes.«Quelque chose qui s’adapte à toutes les circonstances»Encourager le client à s’exprimer sur les notes qu’il aime ou sur les parfums qu’il a portés.Le champ est vaste. Évitez néanmoins les versions intenses ou les parfums très diffusifs. Affiner la proposition en fonction du critère de tenue et des réactions du client.