Stéphane Coez est parfumeur chez Expressions Parfumées. Cette société basée à Grasse propose des créations uniques aux plus grandes marques à travers le monde.
Quelles sont les particularités de votre société ?
STÉPHANE COEZ : Notre société est très atypique car elle a été fondée en 1982 par deux parfumeurs. Notre approche créative a donc toujours été très différente car nous pouvons directe- ment expliquer nos choix à nos clients qui, de leur côté, peuvent nous faire connaître leurs souhaits sans passer par des intermédiaires. Ce modèle unique nous permet d’être très agiles et réactifs pour répondre aux demandes que nous recevons. Nous avons aussi été le tout premier parfumeur à automatiser entièrement notre production.
Votre modèle a-t-il évolué au fil des ans ?
S.C. : Notre concept est toujours le même, mais nous avons bien entendu évolué car notre marché s’est beaucoup structuré au fil des années. Nous avons dû étoffer certaines équipes et en créer d’autres. Nous comptons aujourd’hui près de 200 collaborateurs. Notre siège est basé à Grasse et nous avons des bureaux à Paris, Milan, Barcelone, Varsovie, Istanbul, au Vietnam ainsi que des laboratoires à Dubaï et Bangkok. Nos clients sont pour la moitié d’entre eux basés à l’étranger, et en France nous travaillons pour presque tous les grands acteurs du marché comme L’Oréal, Yves Rocher, L’Occitane ou Nuxe, mais également beaucoup de marques indépendantes. Nous avons intégré en 2018 le groupe Givaudan, cependant nous fonctionnons toujours comme
une société indépendante.
La parfumerie naturelle a toujours été un axe majeur de votre stratégie…
S.C. : En effet. Nous avons pris, il y a une quinzaine d’années, la décision straté- gique de nous développer dans la parfu- merie naturelle car nous sentions que la demande allait croître. Nous avons été les premiers à faire ce choix et cela n’a pas été simple au début car il existait très peu d’ingrédients d’origine naturelle sur le marché. Nous nous félicitons depuis d’avoir été précurseur car cela nous permet aujourd’hui d’occuper une place importante sur un secteur en pleine crois- sance dans lequel tout le monde cherche à s’implanter.
Le succès des parfums naturels a été immédiat ?
S.C. : Non. Au début, ce marché était assez cyclique, mais depuis quelques années il est en hausse constante.
Cette quête de naturalité ne concerne pas uniquement les parfums, mais également d’autres articles comme les produits lavants dans lesquels nous sommes aussi présents. Pour être éco- responsables les marques ont désormais plusieurs options. Certaines cherchent à obtenir des certifications comme Cosmos ou Ecolabel, d’autres font des recherches sur la biodégradabilité ou tentent d’intégrer davantage d’ingrédients d’origine naturelle dans leurs produits finis. C’est une bonne chose qu’il existe différentes approches pour tenter d’atteindre le même objectif car si nous allions tous dans le même sens, nous pourrions notamment avoir des problèmes d’approvisionnement.
La naturalité est-elle appelée à un bel avenir ?
S.C. : C’est une vague de fond qui ne touche pas uniquement la cosmétique, mais l’ensemble de notre société. La quête vers davantage de naturalité est
un phénomène en plein essor depuis quelques années. Je pense que la période que nous vivons actuellement va servir de catalyseur et d’accélérateur car de plus en plus de personnes se sont aperçues qu’il existait des choses plus essentielles que d’autres et cette prise de conscience va faire évoluer leur manière de consommer. La parfumerie naturelle gagne du terrain sur la parfumerie traditionnelle. C’est un profond changement et je ne pense pas que nous ferons machine arrière. Les demandes de nos clients le prouvent chaque jour et nous sommes très bien placés pour répondre à leurs attentes.